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Fonctions sociales du blues



Robert Springer Editions Parenthèses, 1 janv. 1999 - 231 pages
La fréquentation de la musique de blues passe le plus souvent par plusieurs niveaux de perception. Dans une apparence première, due sans doute à une assimilation trop rapide du blues aux negro spirituals et aux chants des esclaves, on s'attend à y trouver des exemples plus ou moins évidents de contestation, voire des incitations à la révolte.
 Au-delà de cette connaissance superficielle, le Noir que l'on rencontre dans le blues semble se résigner et prendre presque goût à son sort et le genre ne semble faire état que de préoccupations liées au quotidien.
Pour ne pas rester sur ces impressions quelque peu décevantes il a fallu progresser dans l'analyse, notamment grâce à la transcription puis l'étude de centaines de morceaux. C'est ce niveau de lecture qui révèle que, si certaines contradictions et incohérences sont dues au caractère oral de cette musique, d'autres ne s'expliquent que si elles participent d'une volonté appuyée et si elles opèrent comme masque de la contestation. Par-delà le blues, cet ouvrage vise à réhabiliter tous les genres issus de la poésie ou de la littérature orale, dans un monde où l'oralité a depuis longtemps perdu sa prééminence face à l'écriture. L'étude des faits de culture oraux est une branche non négligeable du savoir qui a permis la connaissance et la compréhension de nombreux groupes ethniques ou culturels. Et, de même que dans certaines traditions populaires les mythes sont appréhendés comme des histoires vraies, le blues, lui, peut être considéré comme la véritable histoire du peuple noir américain.

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