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Le blues torride de Valerie June


Star annoncée du festival des Inrocks 2013, Valerie June était encore une inconnue il y a quelques mois, jusqu’à ce que son album «Pushin’ against a stone» (Pias) révèle au monde une voix profonde et fracassée, et une musique hantée par les fantômes du patrimoine folk-blues américain.

 Comment avez-vous découvert la musique ancestrale qui irrigue aujourd’hui vos chansons ?
 J’aimais beaucoup les chants gospel que j’entendais à l’église où j’allais enfant, à Jackson, Tennessee. J’y ai découvert qu’on avait tous une voix, et que parfois, ce qui en sortait pouvait être magique. A la maison, on écoutait pas mal de musique soul et R&B et, plus tard, j’ai beaucoup écouté les disques de Tracy Chapman. J’aimais son écriture simple et précise.

 Quand avez-vous, à votre tour, commencé à écrire des chansons ?
 Je ne sais plus exactement, mais je me souviens que tout à coup, je me retrouvais dans un endroit magique, mystique... Comment l’expliquer ? Quand on est dans un musée et que l’on voit une toile qui vous bouleverse, on se demande : «Mon Dieu, mais d’où vient cette œuvre ? Comment est-elle née ?» Et bien, mes chansons, je les vois naître de la même manière, c’est une expérience très particulière...

 Racontez-nous !
 Eh bien, tout d’abord j’écris beaucoup : des mots, des bribes de phrase, des réflexions. Le morceau-titre, «Pushin’ against a stone», m’est venu comme ça : je pensais que souvent dans ma vie, j’avais dû «pousser un roc»... Puis j’entends une mélodie dans ma tête, sur laquelle je plaque ces mots ou bouts de phrase. La guitare ou le banjo viennent ensuite et peu à peu, la chanson naît, devant mes yeux...

 Elles ont trouvé ensuite en Dan Auerbach, des Black Keys, l’arrangeur idéal...
 Tout à fait. Je l’ai choisi parce qu’il avait comme moi une vision large de la musique américaine, il a tout de suite compris comment je voulais que mes chansons sonnent. Et avec tout son attirail vintage, ses vieux micros et ses instruments d’époque, il a réussi à leur donner la patine que j’entendais dans ma tête.

 Qu’apporte la scène à vos chansons ?
 Leur vérité. Le disque est la somme des meilleures prises que l’on pouvait faire des voix, des guitares, etc., mais sur scène, je ne peux garantir la perfection, mais l’authenticité de ce que je ressens au moment précis où je chante. Souvent, je me laisse porter par la musique et si je chante «I love you», je me demande «Mais au fait, qui va m’aimer, moi ?», je me laisse submerger par mes émotions, je ne retiens plus rien et là, tout peut arriver...

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