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Le guide de Paris en BD : tourisme, planches et culture


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A l’initiative d’Olivier Petit, fondateur des éditions Petit à Petit, un projet au long cours voit le jour avec la parution du Guide de Paris en Bandes Dessinées, au carrefour du guide touristique, de la bande dessinée historique et du guide culturel.



L’ambition est claire : en posant la volonté d’un « docu-BD » dans le segment touristique et culturel le pari était lancé. La bande dessinée est selon l’éditeur un « déclencheur d’envies », une clé d'entrée accessible à tous qui suscite la curiosité, et l’on peut ensuite offrir informations et documents.
Trente lieux incontournables et emblématiques de la capitale, six scénaristes, 30 dessinateurs, on peut, à ce stade, parler de « art book » , avec une réelle cohérence graphique et narrative, à propos de ce titre décalé.
Chaque lieu est abordé de manière complète : la première page délivre les informations de transports et accessibilité, ainsi qu’un plan des rues du quartier, et un dessin superposé à une photo offre un avant / après original. Une présentation succincte du monument ou du lieu complète la page.

Suivent ensuite trois planches de BD, qui relatent un épisode crucial et emblématique de la vie du lieu, que ce soit sa création ou son importance dans un événement historique. Les dessins sont classiques et très accessibles, sans volonté esthétisante affichée.

Une double page vient enfin. Des pastilles illustrées, dessins ou photos (plus de 900 documents iconographiques) délivrent des informations tous azimuts : histoire du bâtiment, grande Histoire, personnages célèbres, musique, cinéma, citations, lieux à visiter en marge de la visite du monument principal, détails et anecdotes saugrenues, dans un style parfois très impertinent et teinté d’humour.

Vous apprendrez ainsi que le financier fut créé par un pâtissier du quartier de l’Opéra pour éviter que ces messieurs de la Bourse de Paris ne se salissent les doigts, que la baguette de pain fut inventée pour faire cesser les rixes entre ouvriers du métro, pour pouvoir leur interdire de porter les couteaux qui leur servaient à couper les miches de pain, que les carreaux de ce même métro sont blancs pour refléter un éclairage plus que maigre à l’époque de sa création, ad libitum


Et notons aussi des conseils de lecture, allant de Tardi à Hemingway en passant par Victor Hugo et Les Aigles décapitées…
Un petit mot enfin sur le format : 16 X 24 cm, qui rentre dans le sac à main, le sac à dos, et dont la couverture cartonnée lui évitera d’être écorné dès la seconde journée du voyage…
Sans prétendre à l'exhaustivité, un vrai guide de voyage, un vrai guide culturel, un vrai plaisir de lecture : pari réussi pour le Guide de Paris en Bandes dessinées des éditions Petit à Petit.
Guide de Paris en BD - Editions Petit à Petit - 9791095670377 - 19,90 €

L'amour est une maladie ordinaire : espérant que la mort nous sépare...


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François Szabowski est un grand malade. Son dernier livre vous en persuadera sans qu’il soit besoin d’en faire la recension ici. Or, la beauté glaciale de ce jeune blondinet en slip kangourou, quatre fois reproduit sur la couverture lance un message terrible : mourir ou aimer, il faut savoir choisir.

Et de toute évidence, le mannequin slip kangourou n’a, lui, toujours pas tranché.


Alors voici donc l’histoire d’un jeune homme d’amour transi, pour une représentante du sexe opposé, qui semble le lui rendre avec vigueur, affection, tendresse et beaucoup d’alcool. Parce que l’imbécile heureux qui a prétendu pouvoir vivre d’amour et d’eau fraîche était assurément chez les AA.
Donc Marie est amoureuse, sans s’être encore déclarée, mais son Jules, qui en réalité se nomme François, ne s’accommodera pas de cette virulence qui l’habite, de ce monde qui l’emporte. L’amour, c’est top, mais uniquement s’il est définitif, absolu : pour ce faire, une seule chose, mourir. François se mettra donc en quête d’une mort qui punaisera Marie à leur amour, comme un papillon à un tableau de chasse.
Le plan est brillant, l’agence tout risque n’aurait pas osé l’avoir. Mais n’aboutira pas : le suicide ne fonctionne pas, et François se retrouve à devoir trouver une solution alternative. Et la fuite en avant se prolonge, laissant Marie sans nouvelles, et pour autant, sculptant l’esprit à chaque rencontre plus encore, d’un François parti pour séduire, aimer, être aimé... et disparaître
Quand la première phrase d’un roman – mieux : la première moitié de la phrase ! – débute par « Les Parisiens sont des têtards », le chroniqueur se mord la lèvre de plaisir. Surtout quand le phrasé du roman va nous embarquer avec l’humour et toute l’absurdité dont le personnage fera preuve.
François est un imbécile heureux, mais malheureux, et qui nous précipite dans les rues de la capitale, errant sans vraiment d’envie, mais avec beaucoup d’alcool. Difficile, même pour un homme, de trouver la moindre trace de sympathie vis-à-vis du personnage, qui exaspère plus qu’à son tour.
Et pourtant, le roman se déguste comme une gourmandise sucrée amère, une sorte de sauce aigre-douce, où l’on navigue entre l’ire et la joie permanente. Enjoué et déprimant, hilarant et consternant, c’est le roman de l’ambivalence : on adhère ou on déteste. Dans tous les cas, c’est servi sur un plateau, avec une langue vivante.
L’amour est une maladie ordinaire – François Szabowski – Editions Le Tripode – 9782370551238 – 17 €
 

Les critiques de la rentrée littéraire 2017


Rentrée littéraire 2017, la fashion week des libraires


Libre service de livres dans des distributeurs automatiques, depuis 1917


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Nés de la recherche d’automatisation du commerce, et de la volonté de créer une offre de libre service, les distributeurs automatiques ont vu le jour, tout d’abord en Allemagne. Il s’agissait de vente de boissons dans un premier temps. Le Marseillais Henri Émile Schloesing présenta ainsi son distributeur de boissons à l’exposition universelle de Paris de 1889. À Berne, en Suisse, un modèle vendant des chocolats existait déjà dans les rues.


On retrouve les premières traces de distributeurs de livres avec cette publicité de 1947 pour le Book-O-Mat, qui revendique 160 000 ouvrages de poche déjà vendus par ce moyen.

Nuit de la lecture : librairies et bibliothèques
font nocturne le 20 janvier 2018


Mais le distributeur de Reclam-Bücher aurait eu trente ans d’avance sur son confrère américain. Installés en Allemagne entre 1917 et 1930, ces appareils se présentaient comme une bibliothèque universelle idéale. Une exposition consacrée à Réclam, qui fit paraître son premier ouvrage dans les années 1860, était proposée à la Bibliothèque nationale allemande de Leipzig.


Buchautomat
Mais le principe du distributeur automatique de livres fonctionne même avec des comics, et Superman en tête d’affiche :
Peut même s’inscrire dans un choix commercial assez inédit : prises, chargeurs, adapteurs, préservatifs et… livres.
Et les initiatives à travers le monde ne manquent assurément pas...


Une nouvelle arnaque sur Amazon : l'usurpation d'identité d'auteures


Coup de bambou très sévère, pour deux auteures britanniques majeures, véritables succès commerciaux, et objets d’escroqueries de plus en plus efficaces. Peu après le cas Milly Johnson, deux autres femmes se sont trouvées prises dans une arnaque identique. Miranda Dickinson et Melissa Hill ne seraient que les dernières en date d’une tendance qui se développe.


Identity Theft - Credit Card
CafeCredit.com, CC BY 2.0

Les deux auteures, au cours des dernières semaines, se sont en effet rendu compte que des livres publiés sous leur nom et prénom, étaient commercialisés sur Amazon. Mais également sous son pseudonyme de Sophie Kinsella.
Les titres, note Miranda Dickinson, sont totalement farfelus, voire absurdes, comme The consequences are not always desirable if they are for one person et Who will be the first enemies or friends. Et la romancière d'ajouter : « Les descriptions ressemblent à un tas de mots pris et assemblés au hasard. »

Usurpation d'identité, le nouveau dada des pirates

Une épidémie qui ne semble pas encore avoir sévi en France, mais que les auteures ont clairement remarquée. Le modèle suit une précédente opération d’arnaque massive, où les escrocs incitaient à lire des pages via le système Kindle Unlimited. Et de la sorte, récupéraient des sommes non négligeables, en affichant frauduleusement des pages — le business model de KU repose sur le paiement des auteurs ou éditeurs à la page affichée.
Étant donné que les auteurs indépendants et le service Kindle Direct Publishing sont plus surveillés par Amazon, les escrocs n’hésiteraient finalement plus à s’en prendre à de grands noms. Fini les bots pour ouvrir des livres et faire semblant de lire, on en revient à une plus ancienne méthode, des ouvrages sans véritable contenu.

La littérature du XIXe siècle sert aux cybercriminels pour leurs attaques

Dickinson a découvert la supercherie, alertée par des lecteurs, et tenté de faire disparaître les faux livres en s’adressant à Amazon. On connaît la réactivité de l’entreprise : il lui fut répondu qu’elle ne pouvait pas obtenir de retraits de ces faux ouvrages, parce qu’elle ne disposait pas de compte KDP. Comble : Amazon a bloqué son propre compte et la vente ses livres, alors que les ouvrages autoédités et délictueux étaient toujours en vente…
Mais la situation a viré au cauchemar pour l’auteure, autant que pour les lecteurs arnaqués sans aucune possibilité de comprendre leur erreur. « C’est une forme de fraude extraordinairement inquiétante, tant pour les auteurs, les éditeurs que les lecteurs. Les auteurs consacrent des années à développer leurs projets, mais également leur réputation. Il est effrayant que l’on puisse être menacés de la sorte si facilement. Nous sommes maintenant extrêmement vigilants, pour tous nos auteurs », explique Caroline Hogg, directrice de la fiction chez Pan Macmillan qui publie Dickinson.

livre frauduleux

Les arnaques sans relâche : la rançon du succès

Le fonctionnement de la précédente arnaque est connu depuis des mois – plus d'un an même. Les faux livres produits et vendus via KDP sont en réalité produits par des pirates qui se servent de fermes à clic. Des espaces de contenu sans grande valeur, qui sont largement moissonnés, pour récupérer un texte qui sera reconstitué comme un livre.
Ces ouvrages stériles et factices sont maintenant lus par des bots, dont les adresses IP sont basées à l’étranger. Ces derniers tournent les pages virtuelles, et enrichissent les escrocs qui publient sans relâche, pour augmenter la cagnotte.
Mais jusqu’à présent, cet environnement vivait par lui-même : les bots n’avaient besoin que de faux contenus à lire, et les véritables lecteurs n’étaient jamais atteints. La nouvelle approche implique maintenant d’aller conquérir de véritables lecteurs, toujours avec cette méthode de paiement à la page.

livre frauduleux

Presque difficile à comprendre attendu qu’il est tout de même plus simple de faire la course avec Amazon en créant des bots, plutôt que d’attendre que de vrais êtres humains ne viennent ouvrir un livre. Mais en s’appuyant sur des noms réels d’auteurs dont la renommée est grandissante, les pirates misent sur une séduction facilitée.
Melissa Hill ajoute qu’elle a découvert un de ces faux livres, avec son nom, qui contenait un lien renvoyant directement à la fin du livre. De la sorte, l’internaute est comptabilisé par Amazon comme ayant lu l’intégralité du livre, lequel compte évidemment des milliers de pages.
La romancière analyse : « [Les pirates] ne s’attendent pas à ce que les livres soient achetés ou lus par de lecteurs réguliers : leurs ebooks n’existent que pour accomplir leur forfait. C’est une pratique terrible qu’Amazon doit vraiment affronter. » Car le recours à des noms d’auteurs traditionnellement publiés par des maisons vire également à l’usurpation d’identité.
Les outils d’Amazon favorisent-ils ce type de comportement ? La vérité est que les prédictions posées par ActuaLitté début 2010 : « Il faut bien comprendre qu’un virus utilise pour se propager un support simple et efficace. En ce sens, on pourra dire que les ebooks seront populaires quand on trouvera des fichiers infectés », nous expliquait un expert en sécurité du cabinet Fortinet. On ne parle pas ici de virus, avec Amazon, mais bien d’un support efficace pour réaliser une arnaque — qui reste l’une des finalités de toutes formes de virus.
Du reste Jean-Philippe Bichart, porte-parole de Kaspersky Lab, pointait tout le danger de l'intégrité du texte. « Tout cela n’est qu’une projection, évidemment. Soit : admettons qu’une attaque soit menée contre une base de données contenant des livres numériques. Le pirate, motivé par des questions idéologiques, décide d’effacer certains passages d’un livre, ou de supprimer des mots en particulier, des références... En fait, il pourrait altérer entièrement ce qui fait un patrimoine culturel. Le fichier corrompu est cloné, démultiplié, et on aboutit à un Voltaire qui pourrait soutenir sans ironie que Dieu existe. Jusque-là, c’est amusant, mais les implications prêtent moins à rire. »
On pouvait espérer que dans son système de vérification des livres et de leur contenu — la censure a priori que KDP peut en effet exercer — Amazon avait également intégré un système de vérification de l’origine même du texte…
via The Bookseller

Les meilleurs livres de l'année 2017 selon Le Monde des Livres


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La fin de l'année marque l'heure des bilans, et les différentes rédactions littéraires publient les unes après les autres leurs sélections des meilleurs livres de 2017. Le Monde des Livres a choisi de présenter les palmarès respectifs des rédacteurs : largement de quoi vous inspirer pour les cadeaux de Noël, ou pour d'autres occasions...


 

Le choix de Jean Birnbaum


L’Art de perdre, d’Alice Zeniter, Flammarion
Europa. Notre histoire, sous la direction d’Étienne François et Thomas Serrier, Les Arènes
Se défendre. Philosophie de la violence, d’Elsa Dorlin, La Découverte
En terrain miné, d’Alain Finkielkraut et Élisabeth de Fontenay, Stock
Le Voleur de chocolat, de Geronimo Stilton, traduction de Marianne Faurobert, Albin Michel Jeunesse


Le choix de Florent Georgesco


L’Ordre étrange des choses, d’Antonio Damasio, Odile Jacob
Défense de Prosper Brouillon, d’Éric Chevillard, Éditions Noir sur Blanc
Me voici, de Jonathan Safran Foer, traduction de Stéphane Roques, Éditions de l'Olivier
Bibliothèque idéale des philosophes antiques, édité par Jean-Louis Poirier, Les Belles Lettres
Le Chemin des humbles, de Rémi Bordes, Plon

Le choix de Raphaëlle Leyris


Les Fantômes du vieux pays, de Nathan Hill, traduction de Mathilde Bach, Gallimard
Summer, de Monica Sabolo, JC Lattès
Une odyssée. Un père, un fils, une épopée, de Daniel Mendelsohn, Flammarion
L’Avancée de la nuit, de Jakuta Alikavazovic, Éditions de l'Olivier
La Serpe, de Philippe Jaenada, Julliard

Le choix de Florence Noiville


Classé sans suite, de Claudio Magris, traduction de Jean et Marie-Noëlle Pastureau, Gallimard
Le Sympathisant, de Viet Thanh Nguyen, traduction de Clément Baude, Belfond
Retour à Lemberg, de Philippe Sands, traduction d'Astrid Von Busekist, Albin Michel
Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti, traduction d'Anita Rochedy, Stock
Les Belles de Halimunda, d’Eka Kurniawan, traduction d'Étienne Naveau, Sabine Wespieser

Le choix de Frédéric Potet


Opération Copperhead, de Jean Harambat, Dargaud
Nos vacances, de Blexbolex, Albin Michel
Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien, d’Ulli Lust, traduction de Paul Derouet, Éditions çà et là
Crache trois fois, de Davide Reviati, traduction de Silvina Pratt, Ici Même
Bangalore, de Simon Lamouret, Warum

Le choix de Macha Séry


Correspondance (1944-1959), d’Albert Camus et Maria Casarès, Gallimard
Sur l’écriture, de Charles Bukowski, traduction de Romain Monnery, Au Diable Vauvert
Hérésies glorieuses, de Lisa McInerney, traduction de Catherine Richard-Mas, Joëlle Losfeld
Glaise, de Franck Bouysse, Le Livre de Poche
Une colonne de feu, de Ken Follett, traduction de Cécile Arnaud, Jean-Daniel Brèque, Nathalie Gouyé-Guilbert, Odile Demanhe et Dominique Haas, Robert Laffont

Le choix de Nicolas Weill


L’Archipel des Solovki, de Zakhar Prilepine, traduction de Joëlle Dublanchet, Actes Sud
La Maison éternelle, de Yuri Slezkine, traduction de Pascale Haas, Bruno Gendre, Charlotte Nordmann, Christophe Jaquet, La Découverte
Histoire des Indes, de Michel Angot, Les Belles Lettres
Les femmes sont des guitares (dont on ne devrait pas jouer), de Clemens Setz, Actes Sud
La Première Pierre, de Carsten Jensen, traduction de Nils Ahl, Phébus

Retrouvez les meilleurs livres de l'année 2017


Les 17 meilleurs livres de l'année 2017 selon le magazine Elle


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C’est un résumé complet et global de la rentrée littéraire que nous avons connue depuis fin août que propose le magazine, Elle. Avec 17 ouvrages retenus, un polar, une bande dessinée, 12 romans français, ainsi que quatre étrangers, le palmarès des meilleurs livres de 2017 ne s’arrête cependant pas en si bon chemin : sept romans ne sont pas sortis durant la rentrée littéraire. De quoi ravir avec le retour que quelques titres qui ont délicieusement marqué l’année.

 
Laetitia Colombani - La Tresse - Grasset
Virginie Despentes - Vernon Subutex 3 - Grasset
Elena Ferrante, trad. Elsa Damien - Celle qui fuit et celle qui reste / L'amie prodigieuse 3 - Gallimard
Margaret Atwood, trad. Michéle Albaret-Maatsch - C'est le coeur qui lâche en dernier - Robert Laffont
Eric Vuillard - L'ordre du jour - Actes Sud
Olivier GuezLa disparition de Josef Mengele - Grasset
Alice Zeniter  - L'art de perdre - Flammarion
Kaouther Adimi - Nos richesses - Seuil
Philippe Jaenada - La serpe - Julliard
Yannick Haenel - Tiens ferme ta couronne - Gallimard
Daniel Rondeau - Mécaniques du chaos - Grasset
Kazuo Ishiguro, trad. Sophie Mayoux - Les vestiges du jour - Folio
Colson Whitehead, trad. Serge Chauvin - Underground Railroad - Albin Michel
Hannelore Cayre - La daronne - Métailié
Philippe Besson - Arrête avec tes mensonges - Julliard
Véronique Olmi - Bakhita - Albin Michel
Didier Convard, Jean Yves Ferri - Asterix et la Transitalique - Editions Albert René
 

Retrouvez les meilleurs livres de l'année 2017


Réédition saison de la sorcière de Roland C. Wagner


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Les éditions Les Moutons Electriques propose une réédition de la Saison de la Sorcière, l’occasion de (re-)découvrir l’oeuvre de Roland C. Wagner…
Couverture de Melchior Ascaride
Un ptérodactyle géant arrache la Tour Eiffel, des statues de Mao ravagent Pékin, un Godzilla dévaste le port de Yokohama et des soucoupes volantes auraient procédé à des abductions dans l’Arkansas.
Une vague d’attentats tout aussi déroutants qu’inexplicables ébranle les symboles de puissance des nations les plus industrialisées. L’Europe est particulièrement touchée par cette nouvelle forme de terrorisme à nulle autre pareille, qui fait usage de forces surnaturelles mais épargne les vies humaines. Pour les États-Unis, la lutte contre les « sorciers du tiers monde » devient presque une mission sacrée, qui justifie même une invasion de la France et d’une partie de l’Europe sous prétexte de « protéger » le Vieux Continent… C’est dans ce contexte que Fric, jeune zonard français fraîchement sorti de prison, doit entamer sa réinsertion…

L'installation de la peur de Rui Zink


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Avant toute chose, je dois préciser que je ne connaissais pas les éditions Agullo avant de me rendre aux Utopiales et de découvrir aux travers de la remise des prix, ce court roman portugais que nous pourrions classer en Science-Fiction / Anticipation.
L’Installation de la peur est un roman choc pour moi et une réelle bonne surprise : imaginez-vous recevoir la visite de deux agents du gouvernement qui viennent vous installer la Peur conformément à des directives législatives.
Madame n’est pas sans savoir que l’installation de la peur est un objectif patriotique. Directive n°359/13. Arrêté 8 : “La peur doit être installée dans tous les foyers dans un délai de cent vingt jours”. Vous connaissez l’arrêter, n’est-ce pas ?
Cela vous semble étrange n’est-ce-pas ? Pourtant, c’est ce qui semble se produire pour cette femme dont nous apprendrons peu de choses si ce n’est qu’elle n’a eu que le temps de cacher un enfant pour une raison qui nous semble totalement obscure.
Nous ne savons que peu de choses sur le lieu (on se doute que nous nous situons au Portugal au vu des prénoms et de la langue, mais nous pourrions tout aussi bien être en France qu’ailleurs), nous ne savons rien de la situation économique, politique, sociale du pays et toute l’histoire se déroule en huis-clos.
Trois personnages donc : une jeune femme qui doit accepter l’installation de la peur, un beau parleur, Carlos, chargé de vendre le produit pendant que Souza va procéder à l’installation technique.
Mais cette peur qui est nécessaire pour le gouvernement, que cache-t-elle réellement ? Nous sentons bien que la visée du gouvernement n’est pas le bien être du peuple mais bien une sécurisation / concentration de ces pouvoirs. On se souviendra aussi de la situation du Portugal  qui a du prendre des mesures drastiques suite à la crise de 2008.
Alors, pourquoi ce livre est percutant ?
Parce que nos deux installateurs, dans des échanges vifs, et brusques, ne laissant aucun temps à la femme vont lui assener un ensemble de vérités ou de ce qui passerait pour des vérités pour insuffler la peur. Rien n’est laissé au hasard et l’objectif est bien de renfermer la population sur elle-même et de l’inciter à ne pas à l’encontre du bien être de l’Etat qui n’existe d’ailleurs plus pour n’être qu’un pantin du marché.
Madame n’est pas sans savoir que l’installation de la peur est un objectif patriotique
Il est percutant aussi parce que sous couvert de fiction (rappelons nous que nous sommes dans un roman de SF), nous avons l’impression de voir la succession des reportages / informations / désinformations poussées par nos différentes chaînes d’actualité en continu…
Tout y passe, aucun sujet n’est laissé aux hasard. On notera notamment les questions liées à l’ “autre”, incitant à accepter que le rejet de l’autre est normal, parce que c’est un fait avéré que l’autre abuse…
La censure est dans votre tête, bien entendu, ce sont les autres dans votre tête, car vous n’osez pas dire ce que vous pensez, avec le politiquement correct de nos jours on ne peut meme plus dire ce qui tourmente notre âme, on aimerait bien mais on ne dit pas, on se tait, ils sont arrivés ici sans rien et sans rien ils sont restés, mais ils ont tout comme s’ils étaient les maîtres ici
Rien n’est oublié, la menace virale, la menace économique, mais aussi la peur terroriste qui va nous emprisonner…
Mais le plus important : la peur ne peut s’installer que si NOUS acceptons qu’elle s’installe et c’est peut-être l’élément le plus positif de ce roman. NOUS avons le pouvoir de rejeter cette peur que l’on veut nous imposer. Et peut-être que cette femme que l’on sent pas tout à fait dans l’esprit de la loi va-t-elle nous réserver quelques surprises.
Si le propos est on ne peut plus sérieux, et le livre clairement politique, le talent de Rui consiste à nous faire réfléchir dans un roman donc percutant, vif, saisissant, à base de dialogues bourrés de paroles toutes faites et convenues mais que nous entendons malheureusement trop souvent.
En conclusion, le principal ressort qui permet à la peur de s’installer tient malgré tout à cette simple réplique
Même lorsqu’ils ont déjà presque tout perdu, les gens ont toujours peur de perdre encore davantage
Editions Agullo (septembre 2016) –  Broché : 192 pages – 17,50€ – 9791-95718062   / Epub : 145 pages – 11,99€ – 979-10-95718-07-9      
Traduction (portugais) : Maïra Muchnik

La sonnette retentit dans l’appartement d’une femme vivant seule avec un enfant. Ignorant qui se trouve derrière la porte, la femme, méfiante, décide de cacher son enfant dans la salle de bains avant d’aller ouvrir. Sur le perron se trouvent deux agents du gouvernement qui l’informent de leur mission :
la mise en application de la directive n° 359/13 exigeant l’installation de la peur dans chaque foyer. Faisant irruption violemment dans le salon, les deux visiteurs se lancent dans une inquiétante performance : tour à tour, ils haranguent la pauvre femme, dressant un tableau horrifique des maux de notre temps. Dans leur discours halluciné, tout y passe : crise, épidémies, catastrophes naturelles, misère sociale, guerre et torture, terrorisme… Ils agrémentent leur diatribe d’histoires effrayantes jouant sur les peurs primales de l’homme (peur de l’autre, de la maladie, de la folie…), qu’ils mettent en scène pour un effet d’épouvante maximum. Petit à petit, ils installent ainsi une violence sourde dans la pièce, entraînant la femme – et le lecteur – dans leur délire paranoïaque. Mission accomplie? Pas sûr. La peur a une vie propre, et ses ravages peuvent parfois se montrer inattendus…
L'installation de la peur de Rui Zink.

Juste un peu de Cendres de Thomas Day & Aurélien Police


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Thomas Day et Aurélien Police se sont unis pour nous proposer un comics 100% français de qualité.
L’histoire est celle d’une jeune fille, Ashley Torrance, qui voit d’étranges choses lorsqu’elle ferme un de ses yeux vairons. Rapidement, elle se rendra compte que ces visions semblent la craindre et vont chercher à se débarrasser d’elle. C’est pour cette raison qu’elle décidera de quitter sa famille pour essayer de percer le mystère de ces étranges personnages et qu’elle remontera jusqu’à l’origine des événements, suivant ce lien ténu qui les unis.
La force du scénario tient déjà à son héroïne qui, et cela est assez rare pour le signaler, a une vie plutôt sympathique avec des parents aimants et ayant réussi à construire un cocon familial stable. Ashley s’éloigne donc du personnage classique dans ce type d’histoires et ses motivations tiennent donc plus à la protection de sa famille plus qu’à une fuite. Le fond de l’histoire, tel que vous allez le découvrir, va vous plonger dans une partie de l’histoire américaine et dans la culture amérindienne. Un récit qui se tient et se conclut par ailleurs sur cet unique volume.
En ce qui concerne les illustrations, c’est un peu troublant au début car 100% numérique mais une fois habitué (et cela ne prend que quelques pages), on se rend compte que cela correspond tout à fait à l’histoire. Le talent d’Aurélien Police a été de faire de ces “cendres”, qui sont omniprésentes, une réalité dans ces illustrations avec pour résultat un travail de grande qualité.
Les processus de création (je parle autant de l’histoire que de l’illustration) sont expliqués en fin de comics, ce qui va vous permettre de mieux comprendre ce qui se cache derrière le résultat, et les choix qui ont été faits.
Glénat Comics (Octobre 2017) – 128 pages – 17,95 € – 9782344014493
Scenario
: Thomas Day
Dessin : Aurélien Police
Je m’appelle Ashley Torrance. J’ai 17 ans.
Ma décision est prise : ce soir, je quitte la maison familiale.
Je sais ce que vous pensez… mais non. Je nai pas de beau-père libidineux ou de mère alcoolique qui ramne n’mporte qui à la maison. Mes parents sont des gens sérieux, travailleurs, aimants et décents. Ils ont toujours voulu sce qu’il y a de meiux pour moi.
Le probème est ailleurs. Ce sont les créatures que je vois quand je ferme l’oeil gauche. Je ne sais pas comment les appeler – les cendreux, les consumés ? -, elles vivent comme des blattes dans les interstices de nos simples existences. Elles me font peur. Mais il y a pire : parce que je les terrifie, je suis en danger.
Ma décision est prise : ce soir, je quitte la maison familiale pour leur échapper.
Juste un peu de Cendres de Thomas Day & Aurélien Police

Le Nordique d'Olivier Enselme-Trichard



 
Un voyage enivrant aux confins d’un Orient sauvage et de sa folie magique
Le Nordique d’Olivier Enselme-Trichard est avant tout un livre-univers qui nous plonge au cœur d’une expédition hors norme embarquant des milliers de fidèles dans un pèlerinage de l’Orient à l’Occident. Le convoi inspiré de la technologie du Steampunk est mené par trois nations religieuses fanatiques, ses proportions démesurées leurs permettent d’entraîner scientifiques, religieux, hommes d’armes et artistes en quête des sources de leur foi. Parmi eux, le narrateur de cette folle histoire est un artiste naturaliste inspiré, issu des peuples du Nord qui prennent ici le nom de Rihar-Occil.
Au plaisir subtil de la lecture s’ajoute une immersion picturale époustouflante dans le monde magnétique et effrayant de Cahnis Datanis.
Le thème brûlant de ce magnifique livre objet aux parfums d’encre et de mystère est très ambitieux. La dualité Orient-Occident : la schizophrénie de la civilisation planétaire et de la race humaine y est exposée avec virtuosité à travers les tourments, les aventures et les avanies de Cahanis Datanis. L’aventurier croque son récit, peint sont vécu et crie ainsi sa souffrance et sa fascination pour un Orient insaisissable dans sa cruauté et sa beauté. Qui n’a jamais connu une attraction indicible pour l’Est et sa nature aussi barbare qu’éblouissante ? Les croquis de Cahnis nous transportent dans des paysages farouches à la rencontre tour à tour d’un monde de machineries, de monstres, d’animaux démesurés et d’insectes les plus insensés.
Miracles et éblouissements
Prodiges et cauchemars enfantés par la drogue, états schizophréniques captivants, fanatisme des religions, on retrouve dans le Nordique toutes les influences chères aux géants de l’imaginaire tels que H.P. Lovcraft, Alejandro Jodorwsky ou Franck Herbert.
Des illustrations envoûtantes
Présenté sous la forme d’un journal de bord, enrichi de croquis envoûtants, la narration haletante et saccadée, nous permet de rêver très haut.
Quand la dualité sera-t-elle transcendée ?
L’engagement envers les nobles valeurs de l’Occident est fort mais il semble fondé également sur une véritable passion tourmentée pour les secrets de l’Orient.
L’artiste peintre et poète dans le rôle du héros nous permet aussi de découvrir les liens étroits entre magie, folie, et création.
J’ai beaucoup apprécié la haute qualité  littéraire de la prose d’Olivier Enselme-Trichard. Grâce aux extraits encyclopédiques du mystérieux Azuld-Hiari  éveilleur de l’Ordre du Grand Prisme en terre de l’Ouest, les passages oniriques, les glissements de réalité de la trame sont rendus clairement intelligibles et les surprises sont nombreuses : voile après voile, un message dialectique de haut niveau nous est transmis.
Je dois avouer que je ne suis pas encore revenu du Voyage semblable à celui du pendu dans le tarot divinatoire ou à la figure plus familière à certains d’Odin le Borgne suspendu à Yggdrasil pour recevoir le secret des runes nordiques. Laissons la parole à Cahnis :
« Malgré tous mes efforts pour les retenir les mots s’évaporent comme un rêve qu’on refoule. La voix occupe subitement tout mon espace jusqu’à s’engouffrer profondément dans mes fosses nasales dont je reprends soudain conscience. Mes sens se fractionnent en unités distinctes et je reviens au réel qui m’apparaît faux, grossier. Je vois un tronc et juste au-dessus de moi le sol. Je dois encore avoir  la tête en bas. Tout parait mort ici, et moi, moi je suis vivant. C’est fini. J’arrache le foulard, je n’avais jamais connu de crise aussi… cohérente. »
Mnemos (Octobre 2017) – Collection Ourobore – 176 pages – 36,00€ – 9782354085162 
Le Nordique, chroniques retrouvées du dernier convoi.
Imaginez cent mille convois, une expédition que l’horizon ne peut contenir. Des collines orientales aux déserts septentrionaux, ils sont le Nordique, le pèlerinage le plus démesuré du Grand Continent. Pèlerins, milices, naturalistes, ouvriers, Оlites et bien d’autres encore composent un équipage multiple comme une nation et tracté par des machines titanesques aux allures étonnantes.
Les témoins sont rares. Une voix seule s’élève dans cette épopée immense, celle du naturaliste Cahnis.
Dans ses carnets retrouvés, il saisit la splendeur des paysages et l’étrangeté des peuples rencontrés. Avec verve, il témoigne des enthousiasmes, des contradictions, du gigantisme et de la folie d’une expédition dont le but véritable lui échappe. Jusqu’à ce que, de plus en plus hanté par ses démons intérieurs, Cahnis découvre son secret ultime…
Le Nordique d’Olivier Enselme-Trichard

Le Delta blues


Auteur : angelrocknnnrol

Introduction

Je tiens à préciser avant toutes choses que si vous venez lire ce dossier concernant le Delta blues c’est que vous avez un niveau de jeu, de connaissance musicale et de blues relativement développé. Pour les débutants je vous conseillerai de vous renseigner tout d’abords sur le blues et la théorie musicale en générale, et en apprendre leurs bases, avant de lire ceci.

Le Blues

Arrivé probablement au cours de la traite négrière du 19ème siècle, le blues tire ses racines de la culture Africaine. Mélancolique, pauvre, vagabond, le blues est né dans les champs de coton du sud des Etats Unis (Mississippi, Louisiane...), où les populations pauvres, et principalement noirs, travaillait sans relâche.
Rencontrant une multitude de culture différente sur la rive Américaine, il en sera influencé notamment par la musique Amérindienne (surtout au niveau du chant).
C'est au début du 20ème siècle que le terme "Blues" fait peu à peu son apparition dans le langage musicale. Mais c'est en pleines années folles (1920-1930) qu'il naitra réellement sous sa première forme, le Delta Blues.

Le Delta Blues

Le Delta blues, aussi appelé "Blues traditionnel" ou "Blues du sud", est l'un des deux grands genres de Blues. Il est situé dans le sud des Etats Unis, principalement dans le Delta du Mississippi. Plus vieux et moins connu que son frère le "Chicago Blues", il en est tout autant mythique, complexe et passionnant.
Joué principalement avec une guitare acoustique ou un harmonica, il a aussi été joué avec une multitude d'instruments différents, allant d'une simple corde accroché sur une planche, au plus simplet des chants a capella accompagné d'un rythme tapé dans les mains.
Dans sa forme la plus connu, il est joué seul avec une guitare (acoustique !) et parfois un harmonica, mais jamais en groupe ou avec une section rythmique et tout ce qui va avec. Pour faire simple, un joueur de Delta blues est un vagabond, qui de bar en bar, de ville en ville, raconte seul avec sa guitare, ses déboires et échecs (et croyez moi, y a de quoi faire) à un public encore plus mal en point que lui…

Construction rythmique

Le Blues est très souvent joué en rythme ternaire, appelé aussi « shuffle », mais il peut et est aussi joué d'une manière binaire (surtout à partir des années soixante). Son tempo varie, mais il reste dans une tranche de tempo médium, c'est à dire 70-110.

Harmonisation

Construit sur la gamme majeure, il est principalement joué (pour ne pas dire complètement) avec les mêmes intervalles : tonique, quarte, quinte (I IV V en trajan style), sur 12 mesures (12 bar blues), mais parfois sur 8 et 16 mesures.
Les accords utilisés sont souvent septième. Exemple donc d’un douze bar blues en Mi7 :
Mi Mi Mi Mi
La La Mi Mi
Si La Mi Si
A noter que tout cela concerne le plus basique des Delta blues, mais certains professionnel du genre ont, vers la fin des années 30, poussé la construction harmonique en la sortant du simple I IV V, et en y ajoutant par exemple la seconde (II) ou la sixième majeur (VI). Seulement nous n’approfondirons pas car étant assez complexe, et souhaitant garder le tout assez claire, je préfère passer ce passage. Bien sur une fois les bases du Delta blues maitrisées, vous passerez obligatoirement par ce genre de construction complexe.
Pour les amateurs de blues, une question doit maintenant vous venir en tête : « Jusque là, qu’es ce qui différencie le Delta Blues du Blues normal ??», c’est ce que nous allons voir à présent.

Comment le jouer

Comme je vous l’ai expliqué plus haut, le Delta c’est de l’acoustique, et c’est solitaire, contrairement à son homologue (le Blues « normal ») qui est électrique et en groupe.
Du fait de ce manque d’instruments variés, la simple combinaison guitare acoustique/voix pourrait sonner vide, plat, manquer de vitalité… c’est là où le Delta Blues prend toute sa complexité.
Pour combler ce vide les grands joueurs de Delta ont développé une technique complexe, riche, mais terriblement efficace : le picking.
Le picking consiste grossièrement à remplacer un orchestre ou un groupe avec une seule et même guitare. Le plus basique des picking consiste à :
  • Faire un rythme (régulier !) sur ses codes graves au pouce.
  • Faire la mélodie sur les codes aigues avec le reste des doigts.
Voyons un exemple basique de picking Delta sur un 12 bar blues en Mi7 :
Partition 1
Les cadres rouge montre les cordes graves joué au pouce, si vous regardez bien, le rythme des cordes graves est régulier (là il est sur chaque temps, comme très souvent dans le Delta) et est joué sur les toniques d’accords (comme très souvent aussi), donc si on est en Mi on jouera la corde Mi, le changement en La on jouera la corde de La, sur le Si la corde de Si.
Comme dit plus haut le picking c’est un rythme régulier de toniques joué au pouce, souvent sur tous les temps, puis une mélodie libre (ici créé par moi-même) sur le reste de l’accord joué avec le reste des doigts. Il est impératif de garder le rythme au pouce car c’est cela qui maintient la tension, la vitalité et la présence du morceau. La mélodie est plus libre de placement, mais elle doit bien sur sonner, être belle.
Vous trouverez surement difficulté au début car votre pouce ne sera pas encore délié des autres doigts, et il aura tendance à suivre le rythme de la mélodie, alors qu’il doit normalement être régulier sur sa corde grave. Un peu d’entrainement quotidien réglera le problème.

Les Turnarounds

Le turnaround est présent dans tous les blues, mais principalement dans le Delta.
Un turnaround est une progression harmonique, plus simplement un phrasé, un plan, qui consiste à achever votre boucle, avant de repartir au début (turnaround veut dire « rotation » en français).
Il est joué sur l’avant dernière mesure de votre boucle. Schématisons avec un exemple d’un 12 bar blues en Mi :
Mi Mi Mi Mi
La La Mi Mi
Si La Turnaround Si
Et on revient au départ. Le turnaround comble votre avant dernière mesure, qui en l’occurrence serait une mesure de Mi sur ce schéma.
Exemple de turnaround toujours en Mi :
Partition 2
Le cadre rouge entoure le fameux turnaround. Je vous ai mis la mesure de Si qui correspond à votre dernière mesure avant de repartir au début de votre boucle.
A noter que beaucoup de chanson de Delta blues commence par un turnaround, il suffit donc de jouer le turnaround et votre dernière mesure, puis de partir sur votre boucle entière pour entamer votre chanson.

Pour les chanteurs

Si vous avez envie de chanter vos échecs, ou tout simplement de faire comme un vrai joueur de Delta Blues, je vais vous donner quelques conseils pour réaliser tout cela.
Le chant dans le Blues, Delta ou non, est souvent construit d’une manière que l’on nomme « AAB »
Le AAB d’un 12 bar blues consiste à chanter une première phrase (A) sur les quatre premières mesures , de la répéter sur les quatre mesures suivantes (A n°2), et d’en chanter une autre (B) sur vos quatre dernières mesures.
Prenons la construction I IV V vue plus haut. Vous chantez votre première phrase « A » sur le « I », répéter cette phrase « A n°2 » sur le changement « IV », et enfin vous changez de phrase « B » sur la fin de votre boucle « V ».
Exemple en Mi7 :
Partition 3
Les cadres rouge des paroles montrent bien que le AAB suit les accords I IV V, d’ailleurs il vous suffit de superposer AAB sur I IV V pour voir que ça correspond (A/I… A/IV…B/V).
Bien sur, là je ne peux vous faire une démonstration sonore, mais je vais compléter mes propos.
Tout d’abords quand vous chantez vos phrases, ne jouez pas trop fort votre mélodie pour ne pas vous couvrir le chant, par contre une fois une phrase terminé, appuyez la mélodie, cela donnera l’impression que votre mélodie répond à votre phrase.
Au changement, quand vous répétez votre phrase (donc A n°2), vous suivrez évidemment la tonalité de l’accord du changement mais il faut qu’elle se distingue de sa précédente (A) non que par le changement de tonalité mais aussi par la manière de la chanter. Par exemple vous la chanterez plus profondément, passionnément ou plus rapidement… en bref malgré qu’elle soit jumelle dans sa signification avec sa précédente, disons qu’elle devra être fausse jumelle de par sa forme.

Les accessoires utilisés

Plusieurs accessoires peuvent être utilisés pour approfondir encore plus le Delta blues.
Vous pouvez ainsi utiliser un Bottleneck (cou de bouteille), ce nom vient du fait que les bluesmen, après avoir vidé leur Whisky, cassait le cou de la bouteille qui faisait donc office de Bottleneck… Aujourd’hui, bien sur, ne vous amusez pas à casser des bouteilles, les Bottleneck sont vendus dans la plupart des magasins de musique existant et pour pas très cher.
Des onglets ont été utilisés, généralement utilisé avec un banjo, ils ont aussi été utilisés avec une guitare dans le Delta. Attention, cela affecte le son d’une manière significative, pour ma part, je préfère simplement laisser pousser un peu les ongles de ma main droite, c’est amplement suffisant.
Pour les plus fou, ou les plus fort, un harmonica peut vous accompagner, ainsi vous pourrez répondre à votre chant en claquant quelques riffs bluesy à l’harmonica, mais aussi à la guitare (un conseil, maitrisez déjà celle-ci).

Quelques références du genre

  • Robert Johnson.
  • Mississippi John Hurt.
  • John Lee Hooker.
  • Son House.
  • Charley Patton.
  • Tommy Johnson.
  • Big Bill Broonzy.


Mississippi, 1940 : la malédiction du delta



Plongée dans les eaux troubles du Mississippi entre Vicksburg et Greenville, là où vers 1940, le blues permettait d'exorciser le quotidien.

Sur cette terre hostile régulièrement noyée sous les eaux et la brutalité des grands propriétaires blancs, les Noirs des plantations de coton forgent les hymnes de leur mélancolie et de leur résistance. Robert Johnson, "Son" House ou Muddy Waters creusent leur sillon et renouvellent à leur manière le blues, né vers 1905, afin de créer le son du Delta. Notre histoire croise des étendues blanches à pertes de vue, des travaux d’Hercule, un fil de fer tendu contre un mur et la volonté de sublimer, coûte que coûte, l'adversité du monde...

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