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Bobby & Sue « Le Blues est immortel, indémodable ! »


 

Récompensés par de nombreux prix, le projet de Bobby & Sue va à l’essentiel et à l’émotion : une guitare/un piano et une voix pour des chansons intimes ou brûlantes où se tutoient les inspirations américaines et leur interprétation très personnelle des standards blues, jazz, soul et folk.
Leurs chansons transmettent l’esprit du blues, celui qui vous écorche l’âme en vous câlinant le corps. Sue possède une voix incroyable d’authenticité, à la sensualité canaille, quelque part entre Mamie Smith et Billie Holiday. Au piano ou à la guitare, Bobby balance un swing jazz réjouissant et mêle parfois sa voix à celle de Sue. Bobby zappe les artifices et s’appuie sur sa seule dextérité instrumentale pour mettre en évidence la suavité envoûtante de Sue, qui use d’une gouaille avec juste ce qu’il faut de canaillerie pour nous ensorceler. Leur répertoire au souffle jazzy lorgne vers la soul et se teinte d’un brin de country mais reste toujours trempé dans l’encre bleue du blues originel.
Après plus de 10 ans de carrière, vous êtes toujours restés fidèles au Blues. Pourquoi ce choix ?
On se demande si c’est nous qui avons choisi le Blues ou plutôt le Blues qui nous a choisi. C’est en tout cas une musique qu’on a toujours écouté et au fur et à mesure qu’on écoutait d’autres genres, on réalisait qu’ils avaient tous une base commune, celle du Blues ! Même si Brendan « Bobby » vient du Rock’n’Roll et a joué du Reggae, … dans nos recherches musicales, on y est venus naturellement.
On dit souvent que : « Un Homme ne pleure pas, le blues l’a fait pour lui », c’est un style particulier, et ce n’est pas donné à tout le monde de le chanter ?
C’est très particulier mais c’est en même temps très universel, on va forcément penser que c’est une musique américaine, mais elle a plutôt des racines africaines. Qu’il s’agisse du blues électrique des années 50 dans le nord à Détroit,  le blues 30 ans auparavant dans le sud du Mississipi, à la guitare sèche, ou le blues africain d’Ali Farka Touré. Le blues est multiple et universel, on a nous-mêmes des musiques traditionnelles de la région Bretagne d’où on vient avec des chansons très langoureuses, et tristes ; il y a le Fado qui est le blues portugais… Il y a donc des ponts avec le Blues qui sont évidents, ce qui est sûr, c’est que le blues a quelque chose de très rassembleur, immortel et indémodable.
Justement, vous êtes d’origine bretonne, pourtant quand on vous écoute jouer, on a l’impression que ça coule de source.
C’est une musique qu’on écoute depuis tout jeune, cela dit, on a jamais essayé de copier, ni de nous faire passer pour des Américains, on a toujours assumé, on est blancs, on est Bretons et nos grands parents n’ont jamais été dans les champs de coton !
Cela fait 11 ans que vous avez constitué votre duo, quel est le secret de la pérennité ?
On se parle, déjà il faut qu’il y ait un minimum de succès, s’il n’y a pas une attente du public ou une demande, je ne pense pas qu’un projet puisse perdurer. Cela dit, c’est beaucoup de travail puis, on aime bien jouer ensemble, on s’entend bien, on s’est trouvé musicalement.
Des fois, vous chantez tous les deux sur scène.
C’est le duo à l’état dur, on ne veut pas mettre un en avant au détriment de l’autre. Les premières années, on n’avait qu’une guitare électrique et la voix de Violaine, après, les gens nous ont proposé d’intégrer une guitare sèche, puis du piano, des percussions, une 2e voix… Du coup, on a essayé de dynamiser, d’étoffer et de diversifier nos chansons et jusqu’à aujourd’hui, on essaie d’avoir un minimum de dynamique sur scène, pour que les morceaux ne se ressemblent pas.
Votre dernier album « Spinning mind » sorti en 2016, c’est un peu du Blues roots ?
En fait, on trouve qu’il est assez folk et soul mais de là à dire qu’il est roots, c’est comme affirmer d’être dans les chaussures d’un autre, car ce ne sont pas nos racines à nous ! J’espère qu’on fait un blues plus moderne, j’adore le blues roots, on en reprend de temps en temps, comme c’était le cas pour Robert Johnson,… mais on se sent moins légitime à faire ces musiques du tout au début.
Mais quand on joue ce genre de style où tout a été fait, c’est très difficile pour se démarquer ?
On ne s’est jamais demandé la question de comment on allait faire nos morceaux, on y va franco, on écrit, on compose… mais on n’a jamais cherché ni à ressembler ni à se démarquer, on a toujours cherché à faire des chansons qui nous plaisent. On n’a jamais essayé de prendre le contrôle, on n’a jamais eu d’autres ambitions que d’écrire de belles chansons.
On essaie de faire passer plus des émotions. Les révoltes, on les garde pour nous !
Ce qui vous inspire ?
L’amour, l’amitié, la joie,…l’amour quand il est contrarié, il y a plus de chansons de bluesmen où la femme est partie que quand elle arrive avec un bouquet de fleurs !
Et écrire sur des choses qui vous révoltent ?
On peut avoir des opinions, des combats ou des révoltes, mais ça ne nous a jamais inspiré pour écrire une chanson. J’adore entendre des artistes engagés qui sont crédibles dans leur rôle, mais quand un artiste le fait médiocrement, je trouve cela d’une démagogie incroyable. Je n’ai pas envie d’avoir des thèmes rabattis, il y a des gens qui ont chanté contre le racisme, c’était absolument sublime, je ne sais pas si on arriverait à écrire une chanson qui arriverait à la cheville des thèmes qui nous ont révolté. Nos combats et nos révoltes, on les garde pour nous, après, quand on écrit des chansons, il y a des petites  idées qui filtrent, mais on essaie plutôt de faire passer des émotions. Plusieurs personnes nous disent que nos chansons les touchent même si des fois, ils ne comprennent pas forcément les paroles. L’important, c’est de réussir à faire parler la langue musicale !
On ressent toujours chez vous cette recherche permanente du son épuré ?
Oui et comme on est que deux, on choisit soit d’aller directement au but soit combler l’espace, quoi qu’il arrive dans les arrangements. Des fois, on va avoir l’envie de faire la chanson la plus simple, notamment en studio, des fois, sur scène, on a envie d’inviter des musiciens, des cuivres, une batterie, une contrebasse, …Cela dit, il faut savoir se restreindre et donner quelque chose qui nous ressemble.
Vous connaissez un peu la musique Gnaoua,  l’origine du Blues ?
Oui bien sûr, on connait Gnaoua Diffusion qui ont joué cette année au festival d’Essaouira, j’étais venu au Maroc il y a 16 ans, j’avais rencontré pas mal de musiciens à l’époque, ce n’est pas une musique qu’on connait très bien, mais on est amoureux de toutes les musiques. D’ailleurs, on était ravis de jouer pour la 1ère fois à la dernière édition du Tanjazz, ça nous a beaucoup touché, le lieu était complètement atypique, le décor magnifique et le public super chaleureux.
Plusieurs musiciens internationaux n’hésitent pas à flirter avec le Gembri, l’ancêtre de la basse. Pensez-vous un jour vous ouvrir à ce genre de sonorité ?
Pourquoi pas, il faut juste que l’occasion se présente. Déjà, on a la chance de voyager beaucoup, on écoute les musiques du monde, certaines sonorités peuvent se retrouver d’une manière inconsciente dans nos chansons, ce n’est pas impossible.
Vos sources d’inspiration ?
Elle Fitzgerald, c’est la plus belle voix jazz au monde. Et en termes de technique vocale, on ne pense pas que quelqu’un pourrait reproduire cela, c’est divin ! Il y aussi Nina Simone.
Des projets ?
On part en tournée en France en 2018, puis on  va se remettre à écrire pour un prochain album.

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